[EVENT] Waltz of Anomalies

Comment a-t-on pu en arriver là ?

C’était une journée comme les autres. Tout se passait comme d’habitude. Scribbles restait dans mon sac, et moi je restais à l’écart des autres élèves. Pas question de changer mes manières et d’aller leur parler, aujourd’hui n’est pas un jour plus important que tous les autres jours. Il ne se passera rien de bien, rien de mal. Je mangerai une salade sur le pouce ce midi, et ce soir je verrais mes parents sur Skype, ça les rendra heureux.

Oui, ça aurait dû se passer ainsi. J’aurais dû retrouver ma chambre ce soir et m’écrouler sur mon lit après avoir terminé mes devoirs. J’aurais dû me relever d’un bond pour terminer les coutures d’une peluche en cours de fabrication, qui sait ? Mais ça ne se passera pas comme ça. Oh non.

Nous sommes huit élèves, coincés dans le grand hall d’entrée. En face de nous, debout sur l’estrade des annonces, un homme filiforme et aux yeux plissés sourit. Ah, il a obtenu ce qu’il voulait. Oui, tout ce qu’il a toujours souhaité se trouvait là, sous ses yeux.

Nous étions les otages de cet homme. Ce type qui s’est présenté à tous les élèves comme le rival du directeur par le biais des écrans de communication dans chaque salle. Puis il a annoncé qu’il avait pris le principal et sa secrétaire en otage. Et il a terminé en disant que nous étions tous à sa merci. Des bombes ont été posées aux fondations de l’école. Il pouvait décider de tout faire sauter à n’importe quel moment.

A cet instant, ça a été la panique. La cavalcade dans les couloirs. Certains élèves ont organisé malgré eux l’évacuation des autres. Et pour cette raison, ils sont restés piégés dans l’école avec ce taré de terroriste. Nous faisons maintenant partie des otages également.

Oh, mais si nous pensions que ça s’arrêterait là, qu’il ferait sauter l’école et nous avec sur le champ, ce ne fut pas le cas. Ce dingue avait un don. On aurait pu en rester là, se contenter de crever tout en sachant qu’on avait sauvé des gens, mais non. Il fallait que ce bâtard nous ridiculise un peu plus.

Il nous a fait danser. C’était facile pour lui. Par je ne sais quel moyen, il a commencé par mettre de la musique. Une valse. Et il nous a réclamé une danse. Nous nous étions regardés, sceptiques. C’était la première fois que je regardais autant de gens directement dans une journée, je crois. Et puis, sans qu’on réagisse ce qui nous arrivait, nos corps se sont mis à bouger, d’eux-mêmes. Ce n’était pas tellement contraignant, en réalité. C’était comme si l’idée qu’il nous FALLAIT danser s’était imposée à nous. Je n’aime pas ça. Je me retrouve avec un garçon que je ne connais que de vue. Et je suis obligée de le toucher, moi qui évite d’habitude le contact physique. Je coule un regard vers les autres. Ils y sont obligés aussi, tant mieux. Je regarde à nouveau mon partenaire.

« Euh… »

C’est tout ce qui franchit mes lèvres. J’ai l’air tellement intelligente, c’est merveilleux. Cela dit, cette onomatopée indique que malgré la contrainte qu’il nous a imposée, le preneur d’otages ne nous empêche pas de parler. Je chuchote à toute vitesse.

« Il faut qu’on fasse quelque chose avant qu’on y passe tous ! »

Je dois avoir l’air d’une folle. Je sais que mes joues sont rouges, mes paumes sont moites. J’aimerai être seule, mais je suis forcée de danser avec cet inconnu. On ne danse pas avec un inconnu, en temps normal. Même si cette personne vous dit quelque chose. Mais je n’ai jamais dit qu’il s’agissait de circonstances normales, alors faisons comme si tout allait bien. Je prends une grande inspiration avant de ficher mon regard dans le sien.

« Je m’appelle Siobhan. »

Je fais tout pour avoir l’air normale. Mais il va me prendre pour une folle, avec mon teint rouge vif, mes cheveux en pétard à cause de la course, et mes yeux qui peinent à soutenir un regard. Mais je n’y peux rien. Je n’ai jamais demandé ce genre de contact humain. Ah. Et peut-être que c’est ce genre de personne individualiste qui s’en fout des autres et qui ne pense qu’à sauver sa peau ? Ou peut-être qu’il va nous utiliser pour s’en sortir ? Peut-être… Peut-être… Peut-être que je ne devrais pas lui parler.

HRP:

Je suis en train de danser.

J'ai peur, et je souffre.
C'est vraiment ça qu'il veut le vieux ?!

Sauf que moi. Je m'amuse aussi.

FRANCHEMENT, IL AURAIT BIEN PU NOUS TORTURER ET FAIRE DE NOUS DE LA PÂTÉ POUR CHIENS ALORS MOI JE SUIS BIEN CONTENTE QU'IL NOUS FASSE DANSER !